Développement communautaire et gestion durable du bassin versant de la rivière Nam Phaak
Ce projet cherche à concilier développement communautaire et gestion durable des ressources naturelles. AVSF et ses partenaires souhaitent contribuer à la lutte contre la pauvreté et au développement de l’économie locale, à l’échelle du bassin versant de la rivière Nam Phaak, et mettre en place un mode de gestion communautaire de la biodiversité durable et générateur de revenus.
Différents objectifs ont été chiffrés pour ce projet :
- Au moins 40 communautés villageoises prennent une part active à la gestion des ressources naturelles de leur territoire ;
- L’usage des pesticides est réduit de 30 % ;
- L’incidence des maladies humaines contagieuses est réduite de 50% ;
- La toxicité de l’eau en aval du bassin versant est inférieure au seuil de risque défini par l’Organisation Mondiale pour la Santé ;
- Au moins 6 filières génératrices d’emploi sont créées ou renforcées : 2 dans les produits de l’agriculture, 2 dans les produits de l’élevage et 2 dans les produits non ligneux ;
- La sécurité alimentaire est améliorée dans 47 villages ;
- La surface forestière exploitée diminue ;
- Toutes les populations bénéficiaires sont informées des risques des pesticides ;
- Les Organisations Communautaires Villageoises sont composées de femmes à 50%, notamment dans les postes de direction.
Pour atteindre ces résultats, le programme comporte trois volets d’activités :
Amélioration de la sécurité alimentaire
Pour les villages disposant d’un accès à l’eau d’irrigation, un appui sera apporté à un minimum de 150 familles pour la construction de petits systèmes d’irrigation et ainsi mettre en riziculture de nouvelles terrasses. Une telle approche demande moins de main d’œuvre, est moins risquée, d’un rendement moyen plus élevé et ne nécessite pas de jachère.
Dans des villages où la micro irrigation n’est pas possible, au moins 600 familles paysannes seront appuyées pour développer des systèmes de culture intégrés sur au moins 50 hectares de pentes, dans lesquels une plus grande variété d’espèces seront associées en vue d’utiliser durablement la terre.
Amélioration de la gestion durable du bassin versant
Les communautés villageoises bénéficiaires seront accompagnées dans l’élaboration de plans de gestion durable des ressources forestières et fluviales. Au préalable, les ressources naturelles ayant un potentiel économique seront identifiées (bois, produits forestiers non ligneux, apiculture) sur les 57 villages ciblés et des schémas d’exploitation raisonnée seront élaborés avec les volontaires et inclus dans les plans de gestion. Ainsi, les activités qui combinent conservation de la biodiversité et bénéfices pour les villageois seront encouragées. De plus, l’accent sera mis sur la protection des espèces en voie de disparition (gibbons, gaur, python…) et sur la réduction de l’utilisation de pesticides/herbicides (l’eau en aval du bassin versant étant utilisée par 80 000 personnes). Ainsi, ce sont au moins 20 villages qui seront appuyés dans l’élaboration de plans de gestion visant l’arrêt de la dégradation de l’environnement, incluant entre autres 20 zones de rivières protégées dédiées à la reproduction des poissons.
Les paysans seront ensuite appuyés dans la structuration et le renforcement des capacités de groupes d’exploitation et de commercialisation afin d’augmenter leur revenu issu de la vente des produits agricoles et forestiers. Au moins 20 groupes seront formés sur le développement de filières (miel, cardamome, genêt, murier, …), la transformation post-récolte pour créer de la valeur ajoutée, la gestion de l’information sur les marchés et sur la comptabilité de base.
Renforcement des capacités des acteurs
En vue de gérer durablement et d’améliorer leur environnement, ainsi que leurs conditions de vie, des Organisations Communautaires Villageoises seront mises en place dans les villages où elles n’existent pas encore ou renforcées dans les villages où elles concernent déjà la santé humaine. Au final, les capacités des membres et des dirigeants de 47 organisations communautaires seront développées ou renforcées afin de répondre aux besoins primaires (santé et sécurité alimentaire), de pratiquer durablement l’agriculture et de conserver l’environnement.
A la demande du Bureau de l’Agriculture et des Forêts provincial d’Oudomxay, des formations seront données auprès des membres des services Agriculture et Forêts, Développement Rural, Santé et Education ainsi qu’auprès de l’Union des Femmes Lao. Les thèmes abordés porteront sur les méthodes participatives et la création de supports visuels de vulgarisation, l’approche genre et minorités ethniques et le suivi-évaluation des activités. Les personnes ayant suivi cette formation pourront ainsi contribuer au développement local et à la gestion durable du secteur.
Résultats :
- 3 chaînes de valeur agricoles ont été créées au niveau des villages (maïs, haricots et coton).
- 3 chaînes de valeur de produits d’élevages ont été créées au niveau des villages (cochons, poulet, apiculture).
- 5 chaînes de valeur de produits forestiers non-ligneux ont été créées ou renforcées au niveau des villages (galanga, cardamome, bambou, rotin, herbe à balais).
- 29 villages ont un plan de gestion des ressources naturelles, 1 possède un plan de contrôle des pesticides.
- L’expérimentation sur le riz a montré une augmentation du rendement de 100% mais la diffusion de la technique n’a pas encore été menée.
- 153 ménages bénéficient de nouvelles terrasses irriguées.
- 166 ménages bénéficient d’étangs de pisciculture.
- Une campagne de sensibilisation sur les pesticides a atteint 2 370 bénéficiaires dont 1 046 femmes. 26 animateurs ont été formés.
- Les comités de gestion sont constitués à 23,4% de femmes.
- L’arrêt de la diminution des surfaces forestières n’a pas été surveillé durant le projet.
Conclusions de la visite ex-post (Mai 2018)
Le projet soutenu par la Fondation Ensemble était d’une grande pertinence et aurait gagné en clarté s’il avait été mieux intégré au PRPU (Poverty Reduction Project Oudomxay), projet de plus large envergure financé par l’Union européenne. La participation des femmes reste difficile pour des raisons à la fois sociales, culturelles, et liées au manque de qualifications et de disponibilité. Le revenu annuel moyen par foyer a augmenté de 31 % entre 2013 et 2017. Cette période a été marquée par une diversification des sources de revenus des ménages au cours du cycle de vie du projet PRPU, qui a permis de renforcer la résilience des paysans locaux. En 2013, 60 % de leurs revenus provenaient de la culture du riz et du maïs et de cultures commerciales. En 2017, cette part n’était plus que de 43 %, et l’importance relative de l’élevage de bétail et de la culture de PFNL (produits forestiers non ligneux) tels que le galanga et la cardamome avait augmenté. La culture de la cardamome, en particulier, aura été une véritable réussite, puisque cette activité représente désormais directement plus de 10 % des revenus des paysans, tout en contribuant à réduire l’utilisation de produits chimiques et en constituant une incitation à protéger la forêt. Les résultats atteints sont donc très positifs.