Étude et conservation du vautour percnoptère au Cap Vert
Le vautour percnoptère (Neophron percnopterus) a été classé comme mondialement menacé par l’IUCN. L’unique recensement effectué au Cap Vert date de 1997 et l’espèce semble s’approcher rapidement de l’extinction. C’est pourquoi il est urgent d’évaluer sa population et d’organiser sa conservation.
L’objectif du projet, mené par le COIA (Centro de Observação e Investigação Ambienta – Centre d’observation et de Recherche Environnemental) est de fournir des informations de base sur la population du vautour percnoptère au Cap Vert, ce qui permettra de définir une stratégie de conservation de l’espèce dans le pays. Le projet sera mené sur la totalité de l’archipel du Cap Vert, en se concentrant sur les îles principales et sur d’autres spots où le vautour a été récemment aperçu.
Pour parvenir à cela, plusieurs objectifs ont été déterminés :
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- Une étude de la répartition et de l’importance de la population actuelle sera menée. Des informations sur la répartition récente de la population, le nombre d’individus et les menaces potentielles seront également recueillies afin de tenter d’expliquer son statut actuel d’espèce menacée. Des données supplémentaires sur le succès de l’élevage seront récoltées, ainsi que sur les échecs en matière d’élevage et de mortalité des oisillons, des jeunes et des adultes. Les méthodes de recueil d’informations qui vont servir de point de départ à la base de données comprennent, à un niveau géographique global, des entretiens avec les populations locales rurales, avec des représentants de l’état au niveau régional et des techniciens. Puis, des études de terrain dans les zones concernées pendant la période de reproduction, à la recherche d’oiseaux, de nids et de perchoirs réguliers seront menées. Chaque fois que ce sera possible, des photos seront prises pour permettre l’identification individuelle (par le plumage et la mue des plumes)
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- Une étude préliminaire sur les ressources alimentaires disponibles sera effectuée, l’accès aux décharges à ordures et aux abattoirs, la présence et l’abondance du bétail et des chevriers. Des informations seront aussi collectées sur les différences de disponibilité de nourriture entre hier et aujourd’hui, notamment les quantités de carcasses de bétail et de chèvres, ainsi que sur la nourriture issue des pêcheries locales de transformation du poisson, et l’impact de la fermeture ou de la modernisation des décharges à ordures. Cette étude se fera via l’analyse de la documentation existante, associée à des enquêtes auprès des représentants d’état et des techniciens, ainsi que des bergers et propriétaires locaux. Cela permettra une estimation approximative de la disponibilité actuelle et de la répartition des ressources alimentaires des animaux et de leur évolution ces dernières décennies. Les décharges publiques traditionnelles, les déchetteries modernes et les abattoirs seront cartographiés et classés, selon leur quantité de débris organiques pouvant servir de nourriture aux vautours.
- Les menaces actuelles telles que l’empoisonnement, la pollution environnementale et la baisse des ressources alimentaires seront évaluées. Il s’agira aussi de recueillir et d’analyser des informations sur les menaces passées et présentes, telles que l’utilisation légale et illégale de pesticides, l’usage de poisons contre les chiens errants et les cas de vols de nids. Le lien spatial et temporel entre l’usage de produits toxiques et le déclin de la population de l’espèce tentera d’être établi grâce à des entretiens, à l’analyse de rapports (s’il en existe) sur l’utilité des pesticides et des poisons et des informations de source gouvernementale.
- Une stratégie préliminaire de conservation du vautour percnoptère du Cap Vert sera dégagée. Cette stratégie comprendra : des débats sur les enjeux principaux de la conservation, sur le contexte sociétal concernant les mesures de préservation déjà en place, l’identification des méconnaissances les plus graves, des directives et des recommandations sur la conservation, ainsi que leurs faisabilité technique. La stratégie de conservation sera débattue lors d’un atelier public.
Les mues de plumes autour des nids et des perchoirs, ainsi que les échantillons de restes de vautours morts seront systématiquement collectés, correctement conservés, étiquetés et envoyés à l’Université de Porto (Portugal) où ils seront archivés pour une analyse future de l’évaluation des divergences et différences génétiques éventuelles au sein de la population de vautours percnoptères du Cap Vert.
À partir des objectifs 1 et 3, un rapport comparatif sera établi et distribué à diverses autorités capverdiennes (institutions publiques, fondations, ONG, etc…) et en particulier à la CMS (Convention de Conservation des espèces sauvages migratoires).
Résumé du rapport final :
Différentes activités ont été menées par COIA :
- Une étude directe de la population s’est avérée impossible du fait du faible nombre d’individus.
- La première phase du projet (septembre 2014 – septembre 2015) était consacrée à des échanges avec les habitants des différentes îles afin de mieux connaitre l’espèce et les raisons de son déclin. Plus de 1000 personnes ont été interrogées.
- Lors d’une deuxième phase, financée par la Fondation Ensemble (juin 2015 – juin 2016), les équipes ont cherché à améliorer les connaissances de l’espèce sur l’île de Santa Antão, où la probabilité de sauver le vautour est plus importante. 20 jours de recherches ont été menés sur des lieux de rencontres probables. Des interviews ont également été menées sur l’île de Fogo, qui n’avait pas été étudiée précédemment.
- D’après l’ONG, il reste entre 6 et 12 couples répartis entre les différentes îles étudiées.
- Différentes directives ont été données mais une étude plus approfondie sera nécessaire.