Protéger les éléphants avec des retenues de sable
Ce projet a lieu à Lekurruki, une réserve gérée par la communauté dans le nord du Comté de Laikipia, où 69% des habitants n’ont pas accès à l’eau potable. La population est estimée à 3 126 personnes, avec 19 072 têtes de bétail (porcelets, vaches, ânes et chameaux). Cette région souffre également d’une sècheresse accrue qui contraint les habitants et la faune sauvage, en particulier les éléphants, à parcourir de longues distances à la recherche d’eau, générant souvent des conflits pour des sources d’eau qui se raréfient.
Par ailleurs, Lekurruki Conservation Trust (LCT) a constaté une diminution importante du nombre d’éléphants dans la région. D’après les données d’observation des espèces sauvages, le nombre d’éléphants recensé par les Rangers a diminué de 77% sur deux ans, passant de 7 575 en 2013 à 1 725 en 2015. Cette diminution s’explique principalement par les conflits hommes/éléphants pour l’eau et par les déplacements des éléphants vers d’autres zones en quête de sources d’eau. Il n’y a pas de braconnage connu dans cette zone.
Le projet améliorera l’accès à l’eau potable et aidera à réduire les conflits homme-faune sauvage grâce à la construction de retenues de sable – une solution de récupération des eaux de pluie multi-usage et à faible coût mise en œuvre dans les lits de rivières saisonniers. Une retenue de sable est un mur en béton armé construit dans un lit de rivière saisonnier durant la saison sèche. En saison des pluies, il retient l’eau et le sable derrière le mur du barrage et peut stocker de façon naturelle jusqu’à 40 millions de litres d’eau à chaque saison des pluies. Conserver l’eau dans du sable évite l’évaporation, les risques de contamination et de maladie. Les retenues de sable constituent une source d’eau parfaite pour les éléphants qui ont l’habitude de creuser les lits sablonneux des rivières à la recherche d’eau – tout comme de nombreux habitants de zones rurales arides. Et tout comme les habitants, ils préfèrent l’eau extraite ainsi plutôt que les points d’eau à ciel ouvert car elle est propre. En outre, séparer les points de prélèvement d’eau pour les habitants de ceux des animaux réduira les conflits homme/faune sauvage protégeant ainsi la faune sauvage menacée telle que les éléphants.
Par ailleurs, grâce à une source d’eau proche des maisons, les retenues de sable offrent aux habitants un gain de temps et des opportunités. Avec une source d’eau disponible toute l’année pour l’agriculture et le bétail, les communautés peuvent investir plus de temps dans leurs activités agricoles – améliorant ainsi les cultures et la production alimentaire pour les habitants et les animaux.
Enfin, sachant que les retenues de sable font remonter le niveau de la nappe phréatique dans la zone en amont et en aval du barrage, cela contribuera à réduire la désertification et l’impact du changement climatique. En effet, le barrage crée une ‘source permanente’, avec un stockage accru d’eau dans la zone. La végétation se régénère sur les berges de la rivière. L’érosion est réduite et la qualité de la terre s’améliore, grâce au terrassement. Moins de 3% de l’eau s’écoulant est capturée par les barrages, par conséquent l’eau n’est pas détournée au détriment des utilisateurs en aval.
Différentes activités sont prévues pour atteindre l’objectif global :
- Ce projet inclura la construction d’une retenue de sable. Un élément fondamental du projet est l’implication et l’investissement des communautés qui donneront de leur temps et de leur travail pour collecter les matériaux locaux et construire elles-mêmes le barrage.
- Renforcement des capacités de LCT : LCT acquerra les compétences techniques nécessaires pour choisir le bon site, concevoir et construire les retenues de sable en s’appuyant sur l’expérience et le soutien de l’Africa Sand Dam Foundation (ASDF). Le renforcement des capacités inclura la formation à la gestion des ressources en eau, le développement d’activités de surveillance et d’évaluation, ainsi que la formation à la planification de scénarios visant à faciliter la réflexion stratégique – c’est à dire comment éviter les conflits homme/homme et homme/faune sauvage pour les sources d’eau. Cela contribuera au final à créer un modèle réplicable qui pourra être déployé dans d’autres réserves communautaires dans les Northern Rangelands (région où le projet est réalisé).
- Méthodes pour accéder à l’eau La retenue de sable comportera un puits peu profond pour le prélèvement d’eau par les habitants et d’un abreuvoir séparé pour les animaux.
- Indicateurs de faune sauvage : Ce projet prévoit des inventaires de la faune sauvage pour surveiller le nombre d’espèces dans la Réserve et le développement de mesures de surveillance au-delà des indicateurs de faune sauvage.
Résumé du rapport final (Novembre 2017) :
Sur la durée du soutien, différentes activités ont été menées :
- La retenue de sable a été construite.
- 50 personnes membres des communautés locales ont travaillé chaque jour sur le site. Elles ont également fourni une partie du matériel.
- Les observations d’éléphants et de zèbres dans la zone ont augmenté respectivement de 28% et 31%.
- Un support technique a été apporté au partenaire local, Lekurruki Conservation Trust, dans le choix de l’emplacement, dans la conception et dans la construction.
- La qualité de l’eau testée montre qu’elle remplit les exigences de l’OMS.
Retrouvez le témoignage de Lekineji Moile et Ltiriyon Lelemoyog, tous les deux bénéficiaires du projet.
Retrouvez les résultats de ce projet (parmi d’autres) dans ce rapport (en anglais).