Biodiversité et comportements alimentaires des éléphants au Laos

L’Elephas maximus est une espèce classée en danger par l’IUCN. Au Laos, la population d’éléphants sauvages est passée de 3 000 individus en 1988 à 800 en 2009 et, selon certains observateurs, ce déclin continuerait. Les rares communautés d’éléphants subsistant dans ce pays sont menacées par la consanguinité en raison de la perte dramatique de la continuité de leurs habitats. La définition de zones naturelles à préserver et des écosystèmes propices à leur réintroduction nécessite un inventaire des plantes indispensables à une alimentation couvrant tous les besoins de ces grands herbivores.

Le but de ce projet, mené par l’IRD (Institut de recherche pour le développement), est de contribuer à la santé des éléphants sauvages au Laos, mais aussi des éléphants domestiques en définissant de façon qualitative les espèces végétales clés de leur régime.

L’étude sera menée au Laos dans la province de Xayabury, principalement dans le district de Thongmyxay où est située la zone protégée de Nam Pouy abritant la 2ème population d’éléphants sauvages du pays. Dans la zone habitée de ce district, quelques cornacs ont gardé leurs éléphants à des fins de reproduction (ils laissent leurs femelles en période de fécondité en forêt pour qu’elles soient couvertes par un mâle sauvage) et la plupart d’entre eux n’ont pas eu l’opportunité de transmettre leurs savoirs.

Sur la période du projet soutenue par la Fondation Ensemble, il est prévu de :

• Inventorier les espèces consommées par les éléphants et documenter leur contexte de prise : régime habituel, régime lié à leur cycle de vie, prise occasionnelle liée à des désordres physiologiques. Définir en termes d’espèces clés inventoriées et d’écosystèmes les abritant, des zones d’habitats optimales pour les éléphants, pour permettre aux instances forestières de délimiter les zones à préserver en priorité.
• Approfondir la connaissance des services écosystémiques rendus par les éléphants par l’inventaire des espèces qu’ils contribuent largement à propager en consommant leurs graines et fruits, disséminés en grande quantité à travers leurs déjections.
• Documenter les soins prodigués aux éléphants par les anciens cornacs, notamment ceux à bases de préparations médicinales qui résultaient de l’observation de comportements de sélection par les éléphants de végétaux particuliers en fonction de leur état. Mettre à disposition des jeunes cornacs nouvellement recrutés dans les centres à vocation touristique ces connaissances sous forme d’outils pédagogiques.

Ce projet permettra également le maintien d’une population captive saine, dont le pool génétique est capital pour le renforcement des populations sauvages.

Résumé du rapport final :

Des zones d’habitats optimales pour les éléphants ont été définies via l’inventaire des espèces consommées par le pachyderme. 114 espèces ont ainsi été inventoriées et 204 échantillons collectés puis mis en herbiers, notamment via des entretiens menés auprès des cornacs lors de sorties en forêt organisées.

L’inventaire des espèces que le pachyderme contribue à propager à travers ses déjections n’a pas pu être menée car la concession de la zone d’intervention, octroyée au partenaire de l’ONG, n’a pas été renouvelée. Par ailleurs, une étudiante de master a étudié la présence de pathogènes et parasites dans les fèces d’éléphants domestiques.

Des réunions ont eu lieu avec les cornacs afin de mettre en cohérence leurs connaissances et les éléments de terrain. Une maquette de brochure présentant les informations recueillies a été fournie à l’Elephant Conservation Center.

Une vidéo présentant le projet a été réalisée ainsi que différentes publications en ligne. La prochaine étape consistera à former un groupe, avec un ou deux cornacs coordonnateurs qui auront pour rôle de rassembler et diffuser les nouveaux savoirs que les cornacs du centre pourront apporter, pour continuer d’alimenter le corpus d’informations déjà créé.

Découvrez une vidéo présentant le point 3 de ce projet :