Conservation communautaire de la mangrove dans les baies de Ambaro et Ambanja, grâce à l’écotourisme

Les forêts de mangrove malgaches constituent des écosystèmes essentiels, non seulement pour la biodiversité exceptionnelle qu’elles abritent, mais aussi pour l’apport fondamental en services et biens qu’elles offrent aux populations côtières.

Les baies contigües de Ambaro et Ambanja, sur la côte nord-ouest du pays, recèlent la deuxième plus grande mangrove de l’île. Mais, avec 20% de forêt disparue entre 1990 et 2010, ces mangroves sont parmi les plus menacées du pays. La déforestation, qui sert avant tout les intérêts de la production locale de charbon, conduit à des pertes irréversibles en terme de biodiversité, a des effets dévastateurs sur la pêche, et met les populations en danger en ôtant d’importantes protections côtières.

Les communautés côtières, qui sont à la fois les bénéficiaires des ressources qu’offrent les écosystèmes de la mangrove, et les acteurs principaux de leur dégradation, sont les mieux placées pour garantir une gestion durable des mangroves.

En échange de la construction d’infrastructures écotouristiques, deux groupes communautaires s’engageront à protéger 400 hectares de mangrove pendant 30 ans. Ce projet ne servira pas seulement à protéger ces mangroves exceptionnelles et leur biodiversité unique, il permettra aussi de récolter des fonds pour une gestion communautaire à l’intérieur de la zone concernée et offrir ainsi aux habitants une source durable de revenus qui ne dépende pas de l’exploitation destructrice de la mangrove.

L’objectif principal de ce projet est de mettre en place une convention de conservation avec les communautés locales de la baie afin de stopper la destruction de cette mangrove qui constitue l’habitat essentiel de deux espèces menacées de lémuriens microcèbes et de cinq espèces d’oiseaux vivant en zone humide également menacées. L’objectif secondaire est de créer des possibilités de revenus durables issus de l’écotourisme pour les populations de la baie, afin de diminuer la déforestation de la mangrove et de favoriser la gestion de ses ressources naturelles.

Pour atteindre ces objectifs, les actions suivantes sont prévues :

La construction d’un Centre d’Éducation et de Traduction : Les touristes auront accès à des informations interactives sur l’importance de l’écologie et de la conservation de la mangrove et de la côte, à travers des rencontres en face à face avec des guides locaux. Des panneaux d’information et des brochures explicatives sur la mangrove viendront compléter les visites.

L’extension et l’amélioration des circuits piétons existants, dans la mangrove : Cette démarche sera menée de manière écoresponsable, en utilisant des sacs de sable, en prolongeant le circuit de 500m à 3 km pour aménager un parcours terrestre homogène accessible à marée basse. Ce circuit plus long offrira aux touristes une expérience bien plus complète des mangroves et des paysages environnants.

La construction d’un écocamp sur une plage fréquentée par les lémuriens : Ce camp offrira ainsi, en plus de l’infrastructure, une aventure passionnante puisqu’elle permettra aux visiteurs de visiter le site de nuit et d’expérimenter la forêt dans l’obscurité, et même d’observer les quelques lémuriens nocturnes que l’on peut trouver à l’intérieur de la zone protégée.

L’acquisition de kayaks et tout autre équipement de sécurité (ex : des gilets de sauvetage) : Cet équipement permettra aux visiteurs d’explorer les mangroves d’une façon exceptionnelle, lorsque le circuit terrestre ne sera pas accessible. Les kayaks sont plus rapides et plus faciles à diriger que les pirogues traditionnelles, ce qui permettra le développement de visites plus longues et dans de nouvelles zones, et offrira la possibilité d’explorer des canaux plus petits et plus étroits, tout en réduisant les éventuels dommages ordinairement causés par la circulation des pirogues sur les racines hors de l’eau. Il est également possible d’utiliser les kayaks dans les phases de marée très basses et de rendre ainsi les écotours plus flexibles et accessibles sur une période de temps plus étendue.

La construction de toilettes et d’un local de rangement : Les toilettes rendront l’expérience de l’écotour plus confortable et hygiénique pour les touristes internationaux moins habitués à la vie de village, et permettra de prévenir l’impact négatif des déchets humains sur l’environnement. Le local sera utilisé pour ranger les kayaks.

Résumé du rapport final (Février 2017) :

Ce projet a été suspendu suite au meurtre d’un éco-garde en septembre 2016 dans la mangrove. Néanmoins différentes structures ont été construites : le centre d’information a été érigé et différents panneaux ont été réalisés, la promenade sur la mangrove a été restaurée et étendue, les installations sanitaires sont en place. De même 6 guides ont été formés à l’utilisation du kayak. Néanmoins l’eco-camp n’a pas été construit.