Conservation de la plus importante population de phoques moines de Méditerranée en voie d’extinction : Projet de cartographie du milieu sous-marin
L’ONG grecque WWF Greece, la MOm (Société Hellénique d’Étude et de Protection du Phoque Moine) et l’ONG italienne Tethys Research Institute, associées à d’autres partenaires, ont récemment entrepris la mise en oeuvre d’un important projet de conservation intitulé « La vie dans les Cyclades » (Cyclades Life), co-financé par la Commission Européenne et la Fondation du Prince Albert II de Monaco.
En plus de la population de phoques moines de Méditerranée (monachus monachus), que l’on trouve sur l’île de Gyaros et qui est estimée à au moins 70 individus adultes (soit environ 15% de la population mondiale de cette espèce) et qui est classée sur la liste rouge de l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme étant Menacés d’Extinction, la zone marine des Cyclades abrite des prairies sous-marines de Posidonia Oceanica et des formations coralliennes, qui constituent des habitats naturels essentiels de la Méditerranée. Ces habitats méritent une protection légale parce qu’ils sont tous deux extrêmement importants pour la biodiversité marine. Bien que les prés de Posidonia aient été largement étudiés et leur rôle comme zone de reproduction pour les poissons bien connu, il existe, dans l’Est de la Méditerranée d’immenses lacunes en matière de connaissances sur la répartition des formations de corail et sur l’importance de leur rôle écologique. De plus, des études préliminaires sur le terrain, menées par des institutions grecques de recherche, ont montré que l’environnement marin sur toute la zone couverte par le projet est en excellente condition, grâce à son isolement historique et sa faible utilisation (l’île était utilisée par le passé comme lieu d’exil et comme lieu d’entraînement de tir sur cible pour la Marine). Ainsi, si elle est protégée, elle constituera un site marin vierge dans la Mer Égée.
Ce projet contribuera de manière significative à la mise en place d’une Aire Marine Protégée (AMP) dans les Cyclades, afin de préserver le phoque moine de Méditerranée et au-delà, l’environnement marin dans son ensemble, dont les habitats marins prioritaires.
Ce projet est considéré comme étant d’une importance vitale, dans la mesure où il apportera des informations fondamentales sur le lieu, l’étendue et l’état des prairies sous-marines et des formations coralliennes, nécessaires à la mise en oeuvre de diverses actions directes de préservation dans la zone du projet, autour de Gyaros, telles que :
- L’élaboration d’une Étude Environnementale Spéciale, pré-requis légal et indispensable à la mise en oeuvre formelle d’une AMP par l’État grec.
- Le développement d’une stratégie de MPS (Marine Spatial Planning) et la mise en place d’un plan de Gestion Basé sur l’Écosystème pour la zone concernée par le projet.
- La mise en place d’une zonage approprié de l’activité humaine, pour la surveillance de la région
- L’identification des zones spécifiques où placer des tanières pour les pieuvres (octopus vulgaris), afin d’en augmenter la population, principale source de nourriture des phoques moines de Méditerranée
- La désignation de sentiers sous-marins pour promouvoir les activités éco-touristiques dans cette région
- La pose de mouillages permanents qui protégeront les prairies de Posidonia des dégâts causés par les ancres.
- La création d’une méthodologie de base servant à évaluer l’impact des actions de conservation sur l’habitat marin.
Au cours de la réalisation du projet, les pêcheurs locaux qui ont un impact négatif sur les deux habitats ciblés, seront activement impliqués pendant la collecte d’informations préliminaire et pendant la cartographie de l’habitat. De plus, les pêcheurs locaux, ainsi que les autres partenaires locaux clés, seront impliqués dans l’ensemble du projet « La vie dans les Cyclades » par la mise en place d’un Consortium des Parties Intéressées, qui jouera un rôle essentiel dans la conception de la nouvelle AMP ainsi que dans la rédaction des indispensables mesures de conservation. L’objectif ultime est qu’ils participent à la co-gestion de l’AMP de Gyaros.
Conclusion du rapport final (Juillet 2015)
Durant 14 mois, le WWF Grèce, en partenariat avec une équipe de l’université de Patras, a notamment :
- Echangé avec les pêcheurs de Andros et Syros (Iles situées dans la zone du projet, Gyaros n’étant pas habitée).
- Cartographié les fonds marins (au total 90,6 km2 sur les 80 km2 prévus à l’origine)
- Compilé toutes les données dans un rapport qui sera utilisé comme base de travail dans le programme ‘Cyclade Life’
Ce projet a permis de récolter de nouvelles connaissances scientifiques sur la Posidonia oceanica et les formations coralligènes pouvant être utilisées dans d’autres zones maritimes grecques et ainsi permettre une meilleure conservation dans toute la Méditerranée.
3 expéditions étaient prévues avec un retour entre chaque au centre d’études. Néanmoins, les conditions météo ont obligé les équipes à mener les plongées d’affiler ce qui a permis une importante économie. Il a été décidé, en accord avec la Fondation, que ces fonds soient attribués au financement de matériel permettant le prolongement des études (achats de matériel photographique et drone).
Retrouvez toutes les informations concernant ce projet sur le site dédié.