Écologie spatiale du Requin-Marteau autour de l’île de Malpelo, connectivité et recherche de nurseries sur la côte Pacifique
Sphyrna lewini, plus communément appelé requin-marteau, est répertorié dans l’annexe II de la CITES, et est classé comme espèce menacée dans la liste rouge de l’UICN depuis 2007.
Toutes les espèces de la catégorie « Sphyrna » ont des caractéristiques communes, telles que, par exemple, une maturité sexuelle tardive, une fécondité faible et une mortalité naturelle également faible, ce qui a pour conséquence une lente croissance de leur population, et les rend extrêmement vulnérables à la surexploitation. De plus, les espèces Sphyrna sont des espèces migratoires, ce qui augmente leur fragilité, à cause de la pêche illégale pour le commerce international de leurs ailerons.
Plusieurs de ces espèces migratoires fréquentent les eaux de l’île de Malpelo. Les requins marteaux forment de larges bancs autour de l’île, ce qui fait de Malpelo un site idéal pour étudier l’espèce. Par ailleurs la région Pacifique, qui est l’une des plus pauvres de Colombie, est le théâtre de nombreuses opérations d’exploitation des ressources naturelles : 85 à 90% de l’industrie totale de la pêche du pays provient de cette région, et il n’existe pratiquement aucune régulation. Dans ce contexte, il est difficile d’aborder la question de la protection d’espèces menacées comme le Shpyrna Lewini, et il est plus que nécessaire de faire reconnaître leur vulnérabilité pour pouvoir promouvoir des actions de conservation efficaces qui fourniraient à ces grands prédateurs importants, la protection et la préservation dont ils ont besoin.
L’objectif de ce projet, mené par la Fondation Malpelo, est : de mettre en place des actions de conservation efficaces pour protéger cette espèce, d’étendre le niveau des connaissances sur son écologie spatiale grâce au réseau MigraMar (un réseau scientifique dédié à la recherche et à la conservation d’espèces marines migratoires dans la région du Pacifique Est depuis 2006), mais aussi de comprendre la connectivité de l’espèce entre les Aires Marines Protégées et les zones côtières.
Résumé du rapport final (Novembre 2019) :
Sur la période soutenue, différentes activités ont été mises en place. Tout d’abord, 5 femelles gravides ont été équipées de balises satellite aux abords de d’île de Malpelo. L’ONG a ainsi identifié un mouvement migratoire vers les côtes Colombiennes, où un lieu de congrégation a pu être identifié : le golfe de Tribugá. Dans ce golfe, 30 juvéniles ont été identifiés et équipés d’émetteurs acoustiques. 6 récepteurs ont également été installés le long des côtes. Toutes les données recueillies ont permis de confirmer que cette zone est une importante nurserie pour l’espèce dans une période allant de Juin à Septembre. Des études plus poussées devront être menées notamment afin de classer l’espèce dans l’annexe I de la CITES (plus restrictive que la II, déjà accordée) mais également afin de lutter contre la mise en place d’un port en eau profonde dans le golfe qui nuirait à sa biodiversité.