Améliorer la gestion des pêcheries artisanales dans la baie d’Inhambane par le renforcement des zones de conservation communautaire (Phase II)
Au Mozambique, les communautés côtières isolées font face à une diminution croissante et inquiétante de la biodiversité, à cause de méthodes de pêche et d’activités agricoles inadaptées.
Les prédictions climatiques pour la province de Inhambane sont les suivantes : augmentation significative des températures, graves sécheresses, érosion des côtes, montée du niveau de la mer, événements climatiques dramatiques et bien d’autres effets néfastes encore.
Trois facteurs sont responsables de la fragilité sociale, économique et environnementale face à ces scénarios alarmants : la faible capacité d’adaptation (peu d’éducation à l’environnement, diminution de la productivité alimentaire, manque de stratégies alternatives génératrices de revenus, et de très fortes pressions sur l’écosystème existant), gouvernance affaiblie (manque de direction, de clarté, de coopération, de prises de décisions inclusives, et financements limités de la part du Gouvernement du Mozambique, des aides au développement et des programmes environnementaux), urbanisation et services publics inappropriés.
La diversification des revenus grâce à l’entrepreneuriat est l’une des rares options pour mettre en lien d’une part la préservation et la restauration du patrimoine naturel, et d’autre part l’amélioration des conditions socio-économiques des personnes qui en dépendent.
Le développement d’économies nouvelles, utilisant des ressources marines de manière indirecte et responsable, permettra une résilience face aux futurs appauvrissements actuellement prévus dans les scénarios climatiques. Des incitations économiques et une meilleure éducation à l’environnement permettront de réduire la pression sur les espèces et le milieu exceptionnels qui font de cette région un lieu remarquable en matière de biodiversité.
L’objectif principal de ce projet est de protéger la biodiversité marine le long des côtes du Mozambique et d’améliorer les revenus des pêcheries communautaires locales.
Résumé du rapport final pour la première phase :
Au cours de cette première phase, l’ONG s’est attachée à combler le manque de connaissances des habitants du district d’Inhambane en matière de risques climatiques.
Plus de 25 000 membres communautaires ont bénéficié des activités menées par Ocean Revolution Mozambique (ORM) : 31 conférences-débats sur l’égalité des sexes ont été organisées, 16 émissions radio ont été diffusées à la radio nationale, un documentaire sur la fermeture provisoire de Chicuque a été partagé via les réseaux sociaux. Dans l’ensemble, la sensibilisation et l’éducation communautaires figurent parmi les impacts les plus visibles et les plus déterminants des interventions d’ORM auprès de la population en général et des conseils communautaires des pêches (CCP) ciblés. L’émission radiophonique « Malagude » est devenue un rendez-vous d’information régulier particulièrement apprécié. ORM a également investi dans la création d’un programme de sensibilisation dans les écoles, mis en œuvre avec le concours des services d’éducation du district d’Inhambane ainsi qu’avec le gouvernement du district, les écoles locales et les enseignants.
Grâce à une plateforme collaborative, les communautés locales de pêcheurs ont été accompagnées dans la création et la gestion de zones de conservation communautaire (ZCC). Six conseils communautaires des pêches ont ainsi mis en place sept zones de conservation communautaire permanentes, couvrant un total de 985 hectares. Les communautés ont également été formées à la surveillance de la biodiversité, dans un esprit de revalorisation des savoirs ancestraux. L’efficacité des mesures de répression a été améliorée, grâce à la mise en place de patrouilles communautaires régulières et de patrouilles appuyées par un détachement spécial de la police nationale du Mozambique.
La résilience des communautés locales de pêcheurs a été renforcée grâce à la diversification des moyens de subsistance et des opportunités entrepreneuriales à leur disposition. 700 habitants de la zone d’intervention ont participé à des réunions régulières ainsi qu’à des ateliers de conservation, d’anglais et de réflexion sur l’égalité des sexes. 27 stagiaires (dont trois femmes) ont été embauchés et ont ainsi pu augmenter leurs revenus de 25 %. Enfin, 17 étudiants (dont douze femmes) de niveau licence, master ou doctorat ont pu bénéficier d’un accompagnement.
En 2020, la Fondation Ensemble renouvelle son appui au projet :
Principale source de subsistance des communautés côtières du Mozambique, la pêche artisanale représente 90 % de la production halieutique totale du pays. Ouverte sur l’océan Indien, la baie d’Inhambane est considérée comme un habitat critique de reproduction des espèces halieutiques marines. L’un des principaux enjeux que font remonter les CCPs concerne l’application de sanctions à l’égard des pêcheurs qui pratiquent leur activité en dehors de leurs communautés. En outre, alors que les femmes ont un rôle déterminant à jouer dans la gestion du quotidien des ménages, y compris en matière de planification familiale, celles issues des communautés rurales sont confrontées à un niveau élevé de violence sexiste et sont désavantagées en matière d’éducation et d’autonomisation économique.
L’objectif de cette deuxième phase est de renforcer les zones de conservation communautaire dans l’ensemble de la baie d’Inhambane, afin de protéger et de gérer de manière plus durable les ressources et la biodiversité marines tout en améliorant les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs.
Pour ce faire, les sept zones de conservation communautaire (ZCC) déjà créées seront renforcées, et au moins cinq nouvelles seront mises en place. Les CCP bénéficieront d’un accompagnement afin d’instaurer des systèmes efficaces de surveillance de ces zones, en s’appuyant sur la mesure de la taille et du poids d’espèces clés, la surveillance des prairies sous-marines et des zones de pêche interdites, ainsi que l’étude des résultats recueillis. La pression sur les ressources marines de la baie d’Inhambane sera réduite, grâce à la diversification des moyens de subsistance des habitants de la baie ainsi que de leurs sources de nourriture (via la plantation/culture de cocotiers et d’anacardiers). L’équipe du projet accordera une attention particulière aux femmes et aux jeunes, en sensibilisant ces derniers aux métiers de la mer et des océans.
Des activités de sensibilisation communautaire seront organisées, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive. L’opportunité d’une coopération avec des associations villageoises d’épargne et de prêt sera étudiée. Les capacités des autorités du district et de la province ainsi que celles des partenaires seront renforcées, afin de favoriser l’instauration d’une gouvernance halieutique plus durable et de faciliter ainsi le processus de formalisation des zones de conservation communautaire. Un mécanisme consultatif et de coordination sera mis en place au niveau du district. L’équipe mènera avec d’autres parties prenantes des actions de plaidoyer auprès de ministères nationaux afin d’améliorer le processus de reconnaissance juridique et de gestion des zones de conservation communautaire. Enfin, le projet aidera ORM à poursuivre son rôle de catalyseur de changement et d’action communautaire, afin d’améliorer la gestion de la pêche artisanale dans la province d’Inhambane et au-delà.
Découvrez 5 témoignages de bénéficiaires de ce projet. Les 3 premiers sont extraits du documentaire ‘Mukhedzisseli’ (qui signifie « guetteurs » en Gitonga, la langue parlée à Inhambane) qui décrit le quotidien de ces guetteurs de la baie d’Inhambane.
Témoignage de Jessica Julaia, chercheuse pour Ocean Revolution au Mozambique.
Une vidéo présentant le développement de l’industrie touristique au Mozambique où l’on retrouve Luciano Adamo, vice-président des Bitonga Divers, partenaires de ce projet.
Témoignage du président du conseil communautaire des pêches de Chicuque.
Retrouvez les informations sur la phase 1 de ce projet ici.
Annonce de la fermeture provisoire des pêches
Marquage dans la CCA de Chamane
L'équipe d'ORM relève des données de prises autour d'une CCA
Lucia Amosse (pêcheuse à Morrumbene) filtre l'eau de la baie pour du séquençage d'ADN environnemental
La police nationale du Mozambique visite le CCP de Mucucune pour parler mise en application et coordination
Plantation de mangrove à Nhampossa, baie d'Inhambane
Le directeur d'ORM donne 300 masques au gouverneur de la province pour les écoles primaires
Sensibilisation en milieu scolaire
L’équipe d’ORM en studio radio