Préservation de la loutre géante en Amazonie bolivienne
La loutre géante est classée comme espèce menacée sur la liste de l’UICN et est inscrite à l’Annexe I de la CITES. Les mâles comme les femelles mesurent entre 1,50 et 1,70 m. La loutre géante est un animal sédentaire et social (vivant en meutes de 2 à 15 individus) que l’on retrouve dans les grands fleuves et rivières au cours lent, ainsi que dans les lacs et les marécages. Elle se nourrit essentiellement de poisson (et occasionnellement de reptiles tels que des caïmans, des serpents et des tortues).
Dans les années 1970, les loutres géantes étaient encore chassées pour leur peau, ce qui a entraîné une forte diminution de leur population au sein du parc national amazonien de Manuripi (dans le nord-est de la Bolivie). Lorsque l’espèce a été inscrite à l’Annexe I de la CITES, elle a fait l’objet de restrictions commerciales internationales qui ont permis de mettre fin à la chasse. Si l’espèce est parvenue, très progressivement, à se rétablir, des études ont révélé la persistance d’un profond climat de violence entre les humains et les loutres géantes aux abords du parc national, mais également en son sein.
Le principal objectif de ce projet est de concevoir un plan d’action participatif en faveur de la préservation de la loutre géante au sein du parc national de Manuripi. Plusieurs volets d’action sont prévus par ACEAA (Bolivian Association for Research and Conservation of Amazonian Andean Ecosystems – Association Bolivienne pour la Recherche et la Conservation des Ecosystèmes Amazoniens-Andéens), l’ONG mettant en œuvre le projet.
- Déterminer l’état de la population de loutres géantes. Trois études d’une durée de vingt jours chacune seront menées afin d’observer et recueillir des traces de loutres géantes. Des pièges photographiques seront placés dans des tanières récemment investies par les loutres en vue d’estimer le nombre d’individus du groupe familial.
- Identifier les principales menaces auxquelles sont confrontées les loutres géantes dans la région et étudier les attitudes, les perceptions et le comportement des habitants envers l’espèce, à travers des entretiens approfondis auprès du personnel des institutions et auprès des communautés locales.
- Créer des supports éducatifs et de sensibilisation destinés à réduire les conflits entre les communautés et la loutre géante, en démystifiant certaines fausses croyances. Parmi ces supports, il est notamment prévu de produire une bande dessinée abordant les principaux enjeux et menaces auxquels fait face cette espèce (détectés au cours d’interventions précédentes) et corrigeant certaines fausses croyances ayant pu être soulevées par les enfants ou les adultes lors des entretiens.
- Concevoir un plan d’action participatif pour la préservation de la loutre géante dans le parc national amazonien de Manuripi. L’ensemble des informations recueillies au cours de toutes les interventions précédentes seront présentées et discutées lors d’une réunion avec le personnel du parc, le gouvernement du département de Pando et les chercheurs de l’université de Pando.
Les photos de loutres géantes utilisées sur cette page sont sous licence Creative Commons.
RÉSUMÉ DU RAPPORT FINAL (DÉCEMBRE 2019) :
Sur la période de financement, 4 sessions de suivi ont été effectuées. Deux aux abords du ruisseau Tulapa permettant l’observation de 2 groupes et de 5 individus isolés. Des pièges photographiques ont permis de photographier 4 autres groupes. Les deux autres visites ont eu lieu aux abords du ruisseau de Bay où 5 groupes ont été aperçus et 12 photographiés via des caméras. Des étudiants de l’université de Pando ont pris part à l’étude dans le cadre de leur formation.
155 interviews ont été menées auprès des communautés locales afin d’apprécier leur ressenti concernant l’espèce. Même si aucune éradication n’a été signalée, les communautés locales pensent que les loutres font diminuer les stocks de poissons. Une bande dessinée a été produite et prochainement distribuée à des fins de sensibilisation.
Par ailleurs, les principales menaces ont été identifiées lors d’un atelier avec les rangers du parc. Il s’agit de la pêche commerciale, la destruction de l’habitat, la présence d’espèces invasives, le manque de nourriture (notamment le poisson), le changement climatique, les feux de forêt et les plantations de marronniers.
Le but désormais est de mettre en place des actions de protection et de conservation in situ en collaboration avec les communautés locales et la Réserve Manuripi. De même les actions d’éducation et de sensibilisation vont se poursuivre.