Identifier la présence et l’utilisation de l’habitat de l’ours à lunettes et du tapir des montagnes
Le bassin-versant de la Leche, au nord du Pérou, a subi une série de transformations depuis les années 1960 dues à l’occupation illicite de territoires pour la spéculation foncière et le blanchiment de l’argent de la drogue. De vastes territoires de forêts et de terres agricoles ont été détruits puis vendus ou abandonnés. Cependant, depuis plusieurs années, les villageois réclament ces terres pour l’agriculture et l’élevage de bétail. Par conséquent, le bassin-versant de la Leche, du point le plus bas au point le plus haut, est devenu extrêmement fragmenté.
Maintenant qu’elles sont réclamées et utilisées pour l’agriculture, les petites parcelles restantes constituant un habitat de haute qualité deviennent discontinues et empêchent les ours et les tapirs d’accéder à des zones d’alimentation de haute qualité. Le braconnage de ces espèces n’a pas été contrôlé par les gouvernements locaux et, par conséquent, a contribué à la réduction des populations.
La Société de protection des ours à lunettes (Spectacled Bear Conservation Society) intervient dans la partie inférieure du bassin-versant de la Leche depuis 2007 et met en œuvre une approche communautaire pour faire face aux menaces pesant sur les ours à lunettes dans cette zone. Grâce à ce travail, cette région est devenue une zone régionale protégée. Cependant, plus de 75 % des ours à lunettes vivant dans le bassin-versant résident à l’extérieur du parc, en altitude dans des páramos dans lequel réside également le tapir des montagnes. C’est pourquoi il est vital d’acquérir une meilleure compréhension de la présence des ours et des tapirs dans ces zones d’altitude et d’évaluer le lien entre l’habitat dans la partie haute et dans la partie basse du bassin-versant.
L’objectif principal de ce projet consiste à déterminer si (et de quelle manière) l’ours à lunettes et le tapir des montagnes survivent dans un habitat de páramo très fragmenté et en altitude, et s’il existe un lien entre cette zone et la réserve faunique de Laquipmapa au nord-ouest du Pérou, moins élevée, dans une perspective de protection et de survie à long terme de ces espèces.
Pour ce faire, des objectifs secondaires ont été fixés :
- Réaliser une recherche concernant l’ours à lunettes et le tapir des montagnes pour développer la connaissance de leurs populations et de leur écologie comportementale respectives. Cette recherche scientifique de terrain sera menée à l’aide d’indices et de pièges photographiques commandés à distance. Pour mieux comprendre leurs besoins écologiques, des biologistes et des assistants biologistes locaux collecteront des « indices » comme les excréments, le crottin, les traces des ours, les traces de frottement sur les arbres et les marques
- Déterminer la population d’ours à lunettes et la présence de tapirs des montagnes pour un suivi permanent
- Former les scientifiques locaux à participer à un programme de suivi à long terme de la population
- Déterminer des zones de protection prioritaires comportant des zones d’alimentation de haute qualité ainsi que des couloirs reliant l’habitat de moyenne montagne avec l’écosystème du páramo en altitude, pour les ours à lunettes et les tapirs des montagnes
- Rétablir le lien, qui est essentiel pour les déplacements des ours, entre et à l’intérieur des écosystèmes du páramo et de la montagne, et créer une zone de protection régionale
- Favoriser la survie des ours à lunettes et des tapirs en réduisant les activités illégales telles que la spéculation foncière, la déforestation et le braconnage. Un plan d’action spécifique sera élaboré pour ce site et des réunions seront organisées avec les gouvernements locaux et régionaux, les membres des communautés et les officiels de la réserve faunique voisine afin d’envisager les sites potentiels pour la création d’une zone régionale de protection
- Réduire la déforestation et la fragmentation de l’habitat en formant les villageois à des techniques de cuisson alternative
- Mettre en œuvre un programme d’éducation à la préservation de la forêt pour les écoliers résidant à proximité de l’habitat des ours.
Résumé du rapport final (Février 2017)
Durant la période soutenue, différentes activités ont été menées :
- Des caméras pièges ont été installées afin d’étudier comment les deux espèces évoluent dans la région. Des excréments ont aussi été étudiés.
- Des parcelles d’habitat, favorables à la connectivité pour les ours, ont été identifiées et seront protégées.
- 100 têtes de bétails n’évoluent désormais plus en liberté dans la région.
- Une zone protégée privée, comprenant 19 000 hectares favorables à l’ours, a été créée.
- 200 membres de communautés ont pris part à des ateliers sur la réduction de l’usage des pesticides et des engrais ainsi qu’à la fabrication de foyers améliorés.
Un incendie a eu lieu fin 2016, détruisant 30 000 hectares de forêt. SBCS a décidé de mener des actions de formation et de sensibilisation à ce fléau ainsi que des activités de reforestation.