L’Envol – Programme de protection territoriale et participative du Busard cendré
Le Busard cendré est l’une des rares espèces pour laquelle des menaces, liées aux pratiques agricoles, ont pu être clairement identifiées. Protégé au niveau national et international, il est sur la liste rouge de l’UICN et en annexe 1 de la CITES. Selon le CNRS, sans mesure de protection permettant d’assurer sa reproduction, cette espèce disparaîtrait en l’espace d’une décennie.
Evoluant dans les plaines et les larges vallées, il installe son nid dans les cultures où la végétation est haute, notamment les prairies de fauches (où nichent 70% des individus). Néanmoins, la modernisation de l’agriculture et l’utilisation de pesticides ont gravement fragilisé l’espèce. Il est pourtant un allié des exploitants, car il se nourrit notamment de campagnols nuisibles dans les cultures (près de 2000 petits rongeurs sont chassés par une famille).
En Lozère, on compte 31 couples (données 2014) présents 3 à 4 mois dans l’année, mais l’ensemble des populations ne cessent de décliner sur l’ensemble du territoire national.
Depuis 2009, l’association ALEPE, grâce à de nombreux bénévoles, suit les couples nicheurs de busards cendrés en Lozère. Dès qu’un couple est repéré, l’association met en place avec l’exploitant de la parcelle des mesures de protection adaptées (report de fauche sur un carré de 80 m2 à 100 m2 et installation d’une clôture électrique pour limiter la prédation). En 2015, ce sont 16 nids qui ont été localisés : sur 14 menacés, 7 ont donné 16 jeunes à l’envol grâce à des mesures de protection. Depuis le début du projet, 20 agriculteurs se sont impliqués dans des démarches de protection et permettent le fonctionnement de ces opérations de sauvegarde.
Le but désormais est aussi d’élargir le suivi mis en place à un plan d’action de protection participatif. De plus, parmi les problèmes identifiés, ALEPE relève un manque clair de connaissances et d’informations vis-à-vis de l’espèce et de ses mœurs. Il faut donc sensibiliser, éduquer et former le plus grand nombre pour arriver à une volonté de préservation commune de l’espèce.
Les objectifs de ce projet sont donc de :
- Préserver les populations de Busards cendrés et d’assurer leur stabilité sur le département de la Lozère
- Allier acteurs et usagers d’un territoire derrière un objectif commun
Tout d’abord, des actions en faveur des enfants seront prévues, notamment des interventions scolaires et dans les centres de loisirs. Les habitants de la région seront aussi informés via des conférences, des sorties terrains accompagnées d’un naturaliste et des expositions. Ces actions permettront aussi d’identifier des personnes ressources pouvant être relais entre la commune, les habitants, les agriculteurs et l’association en cas d’observation. Enfin, une partie sera consacrée à l’accompagnement et la formation des agriculteurs avec 3 journées dédiées au dialogue avec les exploitants et à la réflexion à des solutions adaptées pour la préservation de l’espèce.
Résumé du rapport final (Juillet 2017) :
Sur la durée soutenue par la Fondation Ensemble, ALEPE a notamment :
- Mené un suivi de l’espèce en Lozère : L’année a été difficile à cause d’une baisse du nombre de rongeurs, proie des busards, mais 32 couples ont été observés sur le département et 25 jeunes ont vu le jour.
- Accompagné et formé des agriculteurs : 4 personnes ont coopéré aux actions de protection.
- Sensibilisé les habitants : Des échanges ont eu lieu dans la région et les équipes ont parlé du projet dans différents médias locaux et lors d’une animation publique. 6 demi-journées ont été consacrées à des interventions dans des écoles.
Un appel à bénévoles a été lancé pour organiser un nouveau suivi en 2017 (3 personnes ont d’ores et déjà intégré le réseau). Un partenariat avec le Parc National des Cévennes a aussi permis l’ouverture de deux landes (formations végétales basses qui étaient envahies par des arbres et arbustes) connues pour être une colonie de busards nicheurs.