Limiter les collisions entre navires et grands cétacés au travers du déploiement du système REPCET en Méditerranée nord occidentale

Le changement climatique fait peser de lourdes inquiétudes sur la conservation du Rorqual commun, qui se nourrit exclusivement d’une espèce de krill boréal, en limite d’aire de répartition en Méditerranée. Le Cachalot, pour sa part, est très impacté par les perturbations acoustiques, la diminution des stocks halieutiques et les prises accidentelles dans les filets. Les deux espèces sont aussi soumises aux pollutions chimiques qui réduisent notamment leurs défenses immunitaires, aux perturbations liées à l’activité de whale-watching, mais surtout aux collisions avec de grands navires.

Sur ce dernier point, on peut citer les chiffres suivants issus de la littérature scientifique sur la question :

• 16% des rorquals communs morts recensés en Méditerranée nord occidentale ont été tués par des collisions.
• La moyenne d’1,5 cas annuel connu est largement sous-estimée. Une extrapolation d’une équipe italo-française publiée dans la revue scientifique Marine Pollution Bulletin démontre qu’en réalité ce sont 8,4 à 40 rorquals qui sont tués chaque année, augmentant la mortalité naturelle d’un facteur de +4 à +19%.
• Une étude conduite sur les côtes grecques montre que 70% des cachalots retrouvés échoués ont été tués par des collisions.

Pour faire face à ces accidents, un dispositif de partage en temps réel des positions de baleines a été développé dans le cadre des activités du Sanctuaire Pelagos. Dix navires sont équipés aujourd’hui, mais il en faudrait une trentaine minimum, en Méditerranée nord occidentale, pour rendre ce dispositif collaboratif efficace. Pour approcher cet objectif, les armateurs italiens seront impliqués aux côtés des armateurs français déjà équipés.

Le but de ce projet est de limiter les risques de collisions entre navires et grands cétacés au sein du Sanctuaire Pelagos afin d’améliorer le statut de conservation du rorqual commun et du cachalot en Méditerranée.

Pour cela, différents objectifs spécifiques doivent être atteints :

• Déployer au sein de Pelagos un programme pilote susceptible d’être étendu ailleurs dans le monde pour limiter les collisions navires/cétacés
• Fédérer les acteurs du monde maritime autour d’un projet de conservation d’un patrimoine biologique commun
• Améliorer nos connaissances sur les grands cétacés.

La population locale est impliquée dans la problématique de manière indirecte, au travers du choix des compagnies maritimes et de leurs politiques de responsabilité écologique. C’est pour cette raison qu’un plan de communication est associé à la démarche. Les compagnies maritimes peuvent être fédérées et faire des efforts communs uniquement si l’opinion publique est sensible et consciente de ces efforts. La médiatisation de l’action constitue ainsi un aspect incontournable, grandement facilité par la charge émotionnelle portée par les baleines.

Résumé du rapport final :

Ce projet a largement atteint ses objectifs :

• Divers rapports scientifiques ont été publiés sur les risques de collision et la nécessité de développer et promouvoir des outils préventifs.
• De nouveaux modèles de zones de risques et de déclarations de collisions ont été intégrés au système. De plus, des films de présentation ont été réalisés et distribués pour présenter la nouvelle technologie.
• L’équipe de Souffleurs d’Écume a aussi cherché à améliorer le système REPCET avec des partenaires clés en France, Italie et Espagne, notamment des propriétaires de bateaux, Total, ENGIE, etc … Avec ces actions, 6 nouveaux systèmes ont été installés ce qui porte à 15 le nombre total de navires équipés.
• La présence sur internet est assurée notamment via le site mais aussi via la publication de newsletters et une page Facebook. Au total, 90 articles de presse et reportages télévision/radio sont parus durant les deux années du projet.
• Enfin, plusieurs guides naturalistes et des professionnels du tourisme ont été sensibilisés au suivi des grands cétacés en Méditerranée. De plus, 108 étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime et des élèves en formation maritime ont pris part aux cours sur la ‘Navigation Commerciale et Cétacés’.