Protection des tortues imbriquées et vertes et création d’une Aire Marine Protégée en Côte d’Ivoire
CEM (Conservation des Espèces Marines) est ONG qui développe des activités de conservation de tortues marines sur les 30 km de plage entre les villages de Roc et Kablaké, région de la côte la plus fréquentée par les tortues en Côte d’Ivoire.
La pêche illégale, tant industrielle qu’artisanale, effectuée souvent à quelques dizaines de mètres des côtes et utilisant des méthodes non appropriées (maillage des filets, produits prohibés, etc…), l’exploitation incontrôlée des ressources naturelles, la déforestation pour l’agriculture, la production de charbon, le braconnage, la construction d’infrastructures hôtelières en bordure de plage et le faible niveau d’application des lois sont d’autant plus de menaces qui pèsent sur les tortues.
Chaque année, les équipes parviennent à protéger sur les plages entre 30 et 50 nids de tortues vertes et 2 à 10 nids de tortues imbriquées. Mais, dans la partie marine, il existe des zones d’alimentation et de croissance (rochers, coraux, …) essentielles pour les espèces.
Ce projet vise la protection en mer de ces deux espèces de tortues grâce à la création d’une Aire Marine Protégée. Pour cela, deux objectifs secondaires ont été définis :
- Des études sur l’écosystème marin seront réalisées : une description de la situation de la pêche sera faite via des entretiens avec les pêcheurs artisanaux, 10 bateaux de pêche artisanale seront équipés avec des émetteurs GPS pour dresser leur zone d’évolution, des données de pêche seront également collectées aux ports de Dahoua et Grand-Bereby.
- Des actions de protection des deux espèces dans la zone marine seront lancées. Une description des habitats des tortues vertes et imbriquées sera réalisée par le personnel de CEM avec les communautés locales. Il est ainsi prévu de dresser une carte des différents types d’habitats et de réaliser un inventaire de la biodiversité marine de la zone. De même le comportement des espèces en mer, dans les zones d’alimentation et de repos connues, sera observé. Enfin des données concernant les captures accidentelles seront également collectées.
Résumé du rapport final (Novembre 2019) :
Sur la période soutenue, une étude des pêches pratiquées ainsi qu’une étude sous-marine de la zone ont été menées. Grâce à ce projet, le Ministère de l’environnement et la Convention d’Abidjan ont reconnu l’intérêt d’établir la première Aire Marine Protégée de Côte d’Ivoire dans cette zone. Un nouveau projet, mené par l’Université d’Exeter et financé par Darwin Initiative, est actuellement en cours afin de délimiter l’AMP, d’élaborer la gestion de cette dernière mais également de proposer des activités génératrices de revenus aux pêcheurs. Après ce travail, l’aire protégée sera effective.
En parallèle, le suivi des tortues a continué via la pose d’émetteurs satellitaires pour étudier les déplacements en mer. De même, des échanges ont eu lieu avec les pêcheurs sur les captures accidentelles, les zones fréquentées par les tortues, etc …
8 éco-gardes ont été formés à la lutte contre le braconnage dans une future Réserve Naturelle Volontaire (zone terrestre qui devient réserve à la demande des propriétaires avec l’accord du Gouvernement) qui jouxte l’Aire Marine Protégée. Les partenariats avec les hôtels locaux se poursuivent et ce sont près de 400 touristes qui ont pu observer les pontes. Enfin CEM estime qu’entre 600 et 700 pontes sont protégées et à peu près 50 000 individus sont nés chaque année du projet.
Une première phase de ce projet a déjà été financée par la Fondation Ensemble, retrouvez tous les détails ici.