Renforcement de la gouvernance sur les espèces protégées : le cas du pangolin de Chine et du pangolin malais

Présents au Laos, le pangolin de Chine (Manis pentadactyla) et le pangolin malais (Manis javanica) sont inscrits sur la liste rouge de l’IUCN en tant qu’espèces en danger critique d’extinction et sur l’Annexe II de la CITES. Leurs populations sont en déclin rapide et aucune estimation du nombre d’individus restants n’est disponible. Ils sont chassés pour leur chair et surtout pour leurs écailles, utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise. Enfin, les pangolins sont presque impossibles à élever et à reproduire en captivité.

Le Laos a ratifié la CITES en 2004. Un récent décret du Premier Ministre lao vise à renforcer la réglementation concernant la protection des forêts et de la vie sauvage, notamment les pangolins. Néanmoins, les inventaires de biodiversité ainsi que les actions de protection sont circonscrits aux zones protégées nationales, aucune donnée n’existe pour les autres espaces.

La Province d’Oudomxay est un carrefour sur les routes des trafics entre la Birmanie, la Thaïlande, la Chine et le Vietnam. Cette province est également susceptible d’héberger des populations de pangolins, notamment dans 3 villages des districts de La et Namor. Enfin, l’imminence de la mise en service d’une voie de chemin de fer en 2021, reliant le sud de la Chine à Vientiane via Oudomxay, risque d’attirer davantage de braconniers.

Ce projet, mené par le Comité de Coopération avec le Laos (CCL), interviendra sur deux leviers majeurs. Tout d’abord le renforcement des connaissances sur les populations de pangolins restantes, les dynamiques et les niveaux de trafics. Une cartographie des zones susceptibles d’héberger des populations de pangolins dans les districts cibles sera effectuée ainsi que des interviews. Une estimation du nombre d’individus sera effectuée via des capteurs optiques. Les principaux résultats seront publiés.

La gouvernance locale sur la gestion de la biodiversité sera renforcée afin de préserver les deux espèces. Une formation sur les réglementations nationales et internationales sur les espèces protégées et leur commerce à destination des autorités locales sera organisée ainsi que deux ateliers multi-acteurs (autorités locales, ONG de conservation, villageois). De là, un « Plan d’Action Pangolins & Biodiversité pour Oudomxay » sera établi et diffusé.

Résumé du rapport final (Novembre 2021) :

• Une cartographie des zones susceptibles d’héberger les deux espèces a été établie. Celle-ci a été réalisée via des relevés terrain mais également via des interviews avec les villageois et les braconniers. Une zone prioritaire de conservation a été définie. 34 pièges photographiques ont été par la suite disposés dans les environs de 5 villages. Deux individus ont été observés dans 2 communes différentes. Du fait du très faible nombre d’individus rencontrés, il n’a pas été possible d’estimer les populations en présence. 24 autres espèces ont également été observées.
• Des visites de marchés et des rencontres avec de potentiels trafiquants ont été menées ainsi qu’une veille sur les réseaux sociaux. 185 livrets de sensibilisation ont été distribués à des enfants.
• Une formation sur les réglementations nationales et internationales des espèces protégées a été organisée auprès de 30 personnes. Une autre formation, sur les pièges photographiques, a été dispensée à 19 personnes. 2 ateliers et 2 sessions de consultations dans les districts ont été organisés.
• Un plan d’action sur la protection de la biodiversité locale, intégrant la conservation des espèces de pangolins et de leur habitat, est en cours d’élaboration avec les partenaires locaux.