Agriculture Durable
Sénégal

Restauration du milieu naturel et promotion des systèmes de production agricole durable dans la zone des Niayes, Sénégal


© SOS Sahel

Rappel des objectifs

  • Renouveler la bande de filaos et restaurer le potentiel ligneux des Niayes
  • Exploiter et valoriser les ressources naturelles de façon rationnelle et intégrée aux activités des autres filières productives (maraîchage et arboriculture fruitière) dans les zones d’influence de la bande de filaos
  • Améliorer les conditions d’hygiène et le cadre de vie des familles maraîchères.

Le rapport final du projet ainsi que la mission d’évaluation finale font état de résultats tangibles mais avec cependant des inquiétudes quant à la durabilité des systèmes mis en place. Ce projet peut être réellement considéré comme un projet «pilote», puisque SOS Sahel n’était jamais intervenu dans cette zone auparavant. Si des acquis importants ont été réalisés notamment concernant l’exploitation forestière, certaines activités n’ont pas eu de résultats très probants (notamment : goutte à goutte, fosses à compost). Il aurait été préférable de délimiter une première zone pilote plus petite pour minimiser les pertes, quitte à l’étendre par la suite.

Un nouveau programme a d’ores et déjà pu être financé sur la zone par le groupe Accord (2010-2012) pour un budget de 1 195 304€. Les principales composantes du programme sont maintenues et améliorées: renouvellement de la bande de filaos, aménagement du territoire, agriculture durable, amélioration des revenus agricoles et sensibilisation des producteurs aux enjeux environnementaux. Deux étudiants d’AgroParisTech ont également réalisé des stages de terrain de mars à août 2010 pour donner de nouvelles pistes de développement durable en ce qui concerne la reforestation de la bande de filaos et les groupes maraîchers.

Conclusion de Montpellier Agro Sup (décembre 2009)

Sur la bande de filaos : «Les acquis du projet sont importants. Le projet a été un véritable catalyseur et a permis d’activer le plan d’aménagement de la bande préalablement conçu par la Direction des Eaux et Forêts (…) Ces acquis s’expliquent par la pertinence des actions mises en place et des partenariats conclus pour la sauvegarde de la bande de filaos. (…) Cependant, de fortes inquiétudes subsistent: seulement 56% des surfaces prévues ont effectivement été reboisées, (…) des stocks de bois importants ne sont pas vendus, (…) et un début de découragement se manifeste chez les membres des groupements. »
Sur la promotion des pratiques agricoles : « les objectifs opérationnels immédiats sont atteints en matière de distribution de matériel et de réalisations. En terme d’appropriation, les observations et entretiens menés révèlent des résultats plus variables : la fabrication et l’usage du compost à partir de litière de filao, de débris végétaux et de déjections animales permet, à un coût moindre, de consolider la fertilité des parcelles sans entraîner de surcoût ; en ce qui concerne la diffusion de vergers fruitiers, les objectifs de plantation sont atteints, mais ces vergers ne sont pas encore en production.(…) En ce qui concerne le goutte-à-goutte, chez un nombre non négligeable d’acteurs, les équipements donnés ne sont pas installés, ou mis de côté suite aux premiers désagréments survenus.»

Conclusions et recommandations de la visite ex-post (Décembre 2010):

Depuis la remise du rapport final ainsi que celui de l’évaluation, la Fondation a poursuivi ses échanges avec SOS Sahel, notamment pour comprendre la situation concernant la technique du goutte-à-goutte. Rappelons que cette activité, fortement recommandée lors de l’étude du projet par la Fondation, avait déjà fait l’objet de discussions et modifications pendant le déroulement du de programme.

Mise en place d’un système d’irrigation goutte à goutte au sein des exploitations maraîchères (stage de Myriam Loloum – AgroParisTech)

Ce nouveau travail a confirmé que l’utilisation du goutte à goutte permet d’utiliser 5 fois moins d’eau pour une même surface qu’avec un arrosage traditionnel au seau. Il permet aussi de diviser par 2 le volume de main d’oeuvre, ce qui n’est pas forcément recommandable dans une zone ou le chômage est endémique. Il n’est adapté qu’à une surface plane (soit 1/3 de la zone cultivable des Niayes), nécessite l’achat d’une motopompe, et entraîne des dépenses de fonctionnement élevées (2/3 du salaire d’un ouvrier agricole). Il s’agit d’un système fragile (avec possible obstruction des tuyaux), et il y a un risque de perte de la production en cas de dysfonctionnement.

Comparaison du coût d’investissement et des revenus générés par un système goutte-à-goutte, avec 2 autres systèmes d’exhaure.

L’investissement initial d’un système goutte à goutte est considérable (1,5 MFCA = 2300€ pour 100 m2) et nécessite de contracter un crédit important, peu accessible individuellement. D’après un calcul estimatif de SOS Sahel, l’utilisation du goutte-à-goutte ne permet pas d’augmenter les revenus annuels des agriculteurs si l’on prend en compte l’amortissement des équipements (motopompe, miniforages, réseau), qui n’ont une durée de vie que de 3 à 10 ans.

En conclusion, l’étude a prouvé que le système de goutte-à-goutte n’est valable que pour les exploitations en zone plane, d’une dimension supérieure à 0,5 Ha, et disposant d’une motopompe. Ses avantages pour l’exploitant sont les économies d’eau et de main d’oeuvre mais son utilisation ne s’avère pas forcément rentable économiquement par rapport à d’autres types d’exhaure (manuel, bassins).

Perspectives de développement de la filière bois de la Bande Filaos (Stage de Fanny Miss – Engref)

L’analyse des comptes d’exploitation actuels et l’étude du marché sénégalais du bois de filaos ont abouti aux conclusions suivantes :
Les charges principales varient en fonction du potentiel boisé de la parcelle (densité de l’arbre, hauteur, diamètre) et ne sont pas uniquement liées au débardage et au bûcheronnage.

  • Les villages enclavés (cas de Thiep) ont nécessairement besoin d’un soutien matériel, car l’enclavement oblige les groupements à louer des camions pour transporter le bois.
  • La mise en place de cette subvention doit être accompagnée d’une étude de marché et d’un business-plan. L’apport de matériel devrait être accompagné d’une formation à l’entretien et de la fourniture des premières pièces de rechange.
  • Les difficultés des groupements ne résultent pas uniquement du manque de moyen matériel : ils sont soumis à d’autres contraintes telles que l’organisation, la disponibilité de la main d’oeuvre, la disponibilité financière, ainsi que le calendrier imposé par les Eaux et Forêts.
  • La transformation du Filao en charbon de bois est un marché prometteur.

Découvrez un article du Monde évoquant ce projet ici.

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